post exotic
Dans les stats, une personne a fait la recherche : "questions à se poser avant le mariage".
Me vient à l'esprit UNE question fondamentale à se poser : est-ce que la personne étrangère vit son immigration comme la douleur de l'exil ? (NB : je rappelle ici que ce blog ne porte PAS sur tous les mariages mixtes - merci de vous référer à la rubrique "but du blog" et en particulier pas sur des personnes de religions ou de cultures différentes vivants depuis l'enfance dans le même pays).
Si l'immigré vit son immigration comme un douloureux exil, c'est à peu près sûr que le mariage va suivre un chemin très difficile, c'est du moins ce que je constate autour de moi. ça peut jouer si la personne du pays d'acceuil est prête à immigrer dans le pays de son conjoint et si l'immigré est prêt à reconnaître des qualités à son pays d'acceuil (même en cas de migration du couple dans le pays dont il vient).
Une des manières dont se défendent les immigrés malheureux (d'être loins de leurs propres enfants etc. ) d'une dépression profonde, c'est en dénigrant le pays d'acceuil, en ne lui reconnaissant aucun mérite autre que celui d'avoir une situation économique plus favorable. Même si on n'est pas le patriote fanatique de son pays et qu'il a beaucoup de défauts, je pense que peu de gens vont se sentir bien de s'entendre dire que leur culture à eux est égoïste, dépravée, sans valeur commune, qu'il n'y a aucun sens de la famille, etc. etc et que c'est 100 % la chance au hasard si la situation économique du pays est meilleure que celle du pays de l'autre. Quelques fois peut-être, mais à longueur de mois et d'années ?
Je pense qu'une des clés de la réussite de mon mariage, c'est que mon mari ne passe pas son temps à comparer les deux pays, qu'il s'intéresse réellement à mon histoire, la manière de vivre de ma famille et celle qu'avaient mes grands-parents, au système politique et économique, etc. Qu'il vit dans ce pays comme un citoyen et ce depuis que je le connais. Qu'il s'intéresse à ici et au reste du monde, à son pays d'origine et à son pays d'acceuil. Qu'il apprécie dans ma culture des trucs qui moi ne m'ont jamais intéressée (dont la littérature style Proust). Bref, que je ne ne suis pas la seule à me créer une nouvelle identité du fait de notre vie commune.
Enormément d'Africains rêvent d'Europe. Lui aussi, il s'était fait tout un mythe. Mais quand il a vu le gouffre entre son rêve et la réalité, il a continué à s'intéresser à cette réalité plutôt que fuir dans le rêve d'un retour rapide au pays. Cela dit je comprends tout à fait les gens qui ont ce rêve, surtout ceux qui ont des enfants restés au pays. Je ferais exactement pareil, je pense. Mon mari n'a pas encore d'enfant, c'est une grande différence.